Chronique d’un transfert annoncé.
C’était une soirée d’août tranquille. Et boum, la nouvelle tombe. Sky Sports lance la bombe avant qu’elle ne soit par la suite reprise par toute la presse. Un échange Joey Barton - Stéphane Mbia serait proche d’être conclu. Ajoutez à ça un message twitter de Barton se terminant par « Bonne nuit », en français dans le texte, il n’en faut pas plus pour qu’aux yeux de tous, l’affaire soit déjà conclue.
Ce soir là, nous étions encore loin de nous douter du feuilleton qu’allait devenir le transfert de celui qui a été accueilli ce dimanche par le stade comme un « sweet and tender hooligan », référence à une chanson d’un de ses groupes préférés, The Smiths.
Car oui, si ce soir là, le transfert de ce fou de twitter semblait presque conclu, l’affaire va ensuite s’éteindre, avant de renaître, avant qu’une nouvelle fois, les discutions semblent rompues. C’est mercredi dernier, lorsque nous avons vu Barton arriver à Marseille à bord d’un jet privé que nous avons compris : Joey sera bel et bien marseillais. Chose confirmée et officialisée à seulement une petite demi-heure de la clôture du mercato.
Alors, comment se sont réellement déroulées les négociations ? C’est RMC.fr qui nous l’apprend. Quelques extraits choisis de cet article signé Florent Germain, journaliste pour la station de radio. Cela commence lundi dernier, avec un dialogue téléphonique entre la Président Labrune et son futur nouveau joueur. « Hi, Vincent (accent british). This is Jo. » « Pourquoi tu m’appelles, Joey ? », « Rien, Vincent. Je suis à Londres. On fait du bateau sur la Tamise avec Willie (son agent, ndlr). J’ai eu envie de vous appeler (…) Vincent, j’ai vu les 3 matchs de l’OM, dont la victoire d’hier contre Montpellier. Je pense que l’on peut être champion. » Sur le coup, Labrune éclate de rire.
Il faut en fait remonter au mois de juillet pour trouver la source de ce transfert. Willie Mc Kay, l’agent du joueur, le propose à Vincent Labrune. L’idée séduit immédiatement le président mais il n’acceptera qu’à une seule condition : que Mbia s’en aille à QPR et que le club anglais prenne en charge 50% du salaire de Barton. Chose qu’il finira par obtenir. Le président n’a aucunement peur de la réputation de Barton et José Anigo, étant une des rares personnes à être au courant de ce qui se préparait, est lui carrément excité à l’idée de voir arriver l’anglais.
Labrune est confirmé dans son idée lorsqu’il a rencontré, avec Anigo, Barton, avec qui ils ont déjeuné à l’occasion de leur voyage en Angleterre pour conclure le transfert d’Azpi. « On a déjeuné ensemble. Il était cool, relax. Il nous a raconté comment les médias anglais ont fait de lui le ‘’bad boy’’, à l’opposé de Beckham, ‘’le gendre idéal’’. Il nous a dit qu’il voulait se refaire une virginité sur Marseille et montrer qui est le vrai Jo, le footballeur » déclare le Président. « Lors du premier rendez-vous, au bout de trente minutes, on savait que Jo viendrait à Marseille. C’est un garçon intelligent, attachant et qui est frais. Pour lui, le sport passe avant le fric. Et surtout, c’est un bon joueur, on a tendance à l’oublier » raconte lui José Anigo.
Labrune dût tout de même calmer les ardeurs « twiterriennes » de Barton, en lui demandant de se calmer et laisser les choses se faire. « Jo, voilà ce qu’on va faire. Arrête de twitter et de me mettre le feu. Arrête de filer des infos à Sky Sports. On va rester discret sur la communication. Et, tu verras, le transfert se fera, fais-moi confiance... »
Voilà que quelques heures plus tard, Barton tweet son arrivée en France en jet privé. Labrune lui sonne et lui demande comment ça se fait. Le jet privé est payé par Sky Sports. Labrune préfère en rire mais demande tout de même une faveur à son joueur. « Jo, tu ne m’appelles pas Vincent, mais Président, OK ? ». « Je vous appellerai Président quand je serai joueur de l’OM ! »
La suite on la connait, arrivée à Marseille, et attente. Finalement le transfert se conclut. « Tu peux m’appeler Mister President », dit Labrune à Barton. « OK, mais vous m’appelez Mister Jo », lui répond l’ancien joueur de Newcastle. Une fois le transfert officialisé, Barton sort à nouveau son téléphone. Tout d’abord pour annoncer la nouvelle sur son compte twitter. Mais aussi pour envoyer un message à son Président. « Thank you for this opportunity. I will not let you down my friend. (Merci pour cette opportunité mon ami. Je ne vous décevrai pas) ».
Qui es-tu, Joey Barton ?
Depuis l’annonce de sa probable arrivée, Barton divise. L’opinion publique. Les supporters marseillais. Et la rédaction d’ajplom.fr. En effet, entre Rava, rédacteur et créateur du site, et moi-même, rédacteur depuis maintenant presque 5 ans, nous ne sommes absolument pas d’accord sur le cas Barton.
En effet, pour moi, Barton est un excellent joueur (ce qu’on a tendance à oublier), qui va pouvoir en France, loin de cette image de fou furieux, étaler tout son talent footballistique pour notre plus grand bonheur.
Où le faire jouer ?
Où le faire jouer, voilà la question que se posent les gens qui ne connaissent pas Joey. Premièrement, ne vous attendez pas à voir Joey lancer des patates à l’entrée de la surface. Lui, sa zone, c’est la ligne médiane. Un « shield », comme on dit en anglais, un bouclier. Il joue simple, il ratisse, tacle, ordonne, aère le jeu sur un côté ou peut même conserver le ballon afin de permettre au bloc de remonter. Bref, une sorte de Gattuso.
Djibril Cissé, interrogé dans La Provence, a défendu son ancien coéquipier : « De l’extérieur il peut passer pour un Bad Boy, j’ai lu à droite à gauche qu’il s’agissait d’un mec sans foi ni loi, mais ça, c’est n’importe quoi. Il a un tempérament de guerrier, un mental d’acier qui rejaillit sur ses coéquipiers. Il est capable de transcender un groupe. »
Mais comme on vous le disait, inutile d’attendre de lui une dizaine de buts en championnat. Son meilleur match en tant que capitaine de QPR, restera celui contre Arsenal. Barton est magistral et permet d’enrayer le jeu des gunners, QPR gagne cette rencontre. « Pour gagner des matchs de football, il faut avant tout gagner ses duels », dira Arsene Wenger.
Interrogé sur la question, le principal intéressé a répondu cela : « Je joue "box to box", pas vraiment numéro 10. Dans chaque équipe, il faut des joueurs très techniques, des joueurs avec de la vitesse, d’autres joueurs pour défendre, et enfin quelqu’un au milieu, qui fait des passes, qui joue simple, rien de compliqué. » Bref, un gars qui se débrouille avec ses pieds et qui sait récupérer, une sorte de Cheyrou.
Alors, comment va l’utiliser Elie Baup ? « Il a une grosse activité sur le terrain, un gros potentiel dans la récupération du ballon. Il permet à son équipe de jouer haut, de récupérer le ballon le plus vite possible après sa perte. Il comble beaucoup d’espaces. Dans mon idée de jeu, ça colle bien. À la perte de balle, je souhaite que l’on soit au pressing immédiatement. Lui, c’est dans ses gènes. »
C’est donc assez simple, Barton remplacera soit Kaboré, soit Cheyrou. S’il remplace le burkinabé, Barton devra Boucher les espaces, couvrir et récupérer, pour permettre à Cheyrou de faire son travail offensif. Tandis que s’il remplace Cheyrou, il devrait s’occuper de l’organisation offensive.
Ce que les autres en pensent…
Au-delà de sa place, d’anciens coéquipiers ont tenu à parler de notre nouvelle recrue. A commencer par Ali Benarbia, ancien coéquipier à City.
« Je suis surpris de ce qu’on dit sur Barton. C’est un joueur qui écoutait l’entraîneur, très bon sur le terrain. Je n’avais jamais vu un joueur qui récupérait autant de ballons. Il a toutes les qualités en tant que joueur. S’il joue à l’OM, il va être exemplaire. Beaucoup de personnes vont être surprises par les qualités de Barton. »
Sylvain Dystin, autre ancien coéquipier à City parle de lui. « C’est un bon mec, agréable, marrant, avec qui tu peux discuter de plein de choses, mais à qui il arrive parfois de péter les plombs ».
Un fou furieux… et des signes d’amélioration
Oui, Joey Barton a peté les plombs plusieurs fois dans sa carrière. Je ne le nie pas. Mais l’atmosphère anglaise y jouait surement un rôle. Et en plus, celui qui était le capitaine de QPR a montré lors de la dernière saison un fameux mieux au niveau comportement, au point d’être nommé capitaine avant qu’il ne pète les plombs une dernière fois lors de l’ultime journée de championnat. D’autant que Thiago Motta, c’est 11 cartons rouges sur 224 rencontres tandis que Barton est à 6 cartons rouges après 242 rencontres jouées. Alors, qui est le plus dangereux pour son équipe ?
Un QI supérieur à la moyenne
Oui, Joey Barton est un homme très intelligent. Et autant vous dire que ça va changer les habitudes de certains, vu que les discussions dans le vestiaire tournent autour de voitures/femmes pour la majorité des joueurs. Alors vous imaginez, un homme qui lit Kant et Spinoza… Mais si je vous parle de son intelligence, ce n’est pas pour vanter sa culture. Non, c’est pour vous faire comprendre que Joey, grâce à cette intelligence, est largement capable de comprendre que c’est sa dernière chance. Une seule connerie chez nous, et plus personne n’en voudra. Voilà pourquoi nous aurons un Joey Barton archi motivé à se défoncer pour donner à l’OM ce titre donc il nous croit capable de le remporter.
Bref, malgré mon amour pour Joey, j’espère grâce à cet article avoir réussi à vous faire comprendre un peu mieux comment se sont déroulées les tractations entre les deux clubs, ainsi qu’entre l’OM et Barton, comment il évolue sur un terrain pour ceux qui le connaissent un peu moins et enfin, vous avoir convaincu que non, il n’est pas - ou plutôt il n’est plus - ce fou furieux que tout le monde décrit.
Maintenant, c’est à lui de me prouver que j’ai raison en plaçant toute ma confiance en lui.
Come on Sweet and Tender Hooligan, prove us that you can be the man we need.